Ce matin je suis réveillé avant 5h30. Je traîne quelques minutes, mais rapidement je me décide : Mon challenge … partir pour 7h00 au maximum. Je dois être sur Langogne ce soir pour récupérer « Arthur et sa bande ». 25 kilomètres à faire sur la journée, rien d’insurmontable. Mais la journée risque d’être moins facile que la veille. Si je pouvais éviter le cagnard aux heures les plus chaudes… La météo annonce une augmentation de la température … et l’arrivée de la canicule. Plus je me rapprocherai d’Ales, plus il fera chaud.
Sortie du village du Bouchet Saint Nicolas : ce village de 200 âmes m’a vraiment laissé une très bonne impression. Je regrette juste de n’avoir pas pu, comme l’a fait Christophe, visiter un peu mieux cet endroit, comme le lac du Bouchet par exemple. Ce n’était pas loin, même pour un aller-retour à pieds, une à deux heures au max. Je démarre ma journée de marche, il est tout juste 6h45… YES !
La température est très agréable, le soleil encore un peu bas et souvent caché par la végétation et les collines au loin sur l’horizon… il ne doit pas faire plus de 20°, le chemin est facile, pas de dénivelé sur au moins deux kilomètres, puis une descente tranquille vers Landos, ou je ferais une vraie pause « Petit déjeuner ». Ce matin au camping, je n’ai pris qu’un chocolat chaud et une barre céréale, juste pour ne pas marcher le ventre vide. La veille, j’avais encore mangé très léger.
J’en profite un peu … c’est ma dernière journée en solo. Je suis dans ma bulle, tout va bien et c’est très agréable.
Rien de particulier sur cette matinée. Arrivée sur Landos et arrêt de presque une heure, histoire d’avaler la quantité de calories suffisantes pour me porter jusqu’à Pradelles ou je devrais arriver à l’heure du déjeuner. J’en profite pour échanger un peu avec le patron du bar. Difficile pour un « sauvage comme moi » de ne pas entamer la discussion avec lui. Il me provoque en plus avec son tee-shirt « Led Zeppelin ». Comment résister au fait de parler musique. Vous comprenez que je suis resté pratiquement une heure ici, alors que je prenais juste un café/croissant. Nous avons passé en revue tous nos groupes préférés, et il y en a un paquet ! Il connaissait même le festival du « Main Square » qui a lieu chaque début juillet sur Arras (sauf les années de COVID évidement…)
Je discute aussi avec d’autres clients, des habitués installés ici, au café, pour un « petit moment social et matinal » avant de reprendre leurs activités quotidiennes. Je leur demande s’il y a un camping dans le secteur de Landos. En effet, je suis à la recherche du camping ou je m’étais arrêté l’année dernière et que je n’ai pas trouvé à l’entrée du village. Leur réponse est qu’il n’y a plus de camping dans le secteur depuis plusieurs années. Mais après leur avoir donné de nombreux détails, un des clients me fait une remarque. Le camping que je cherche n’est pas ici sur Landos, mais à l’entrée d’Arquejol, la prochaine commune. Il va falloir que je mange plus de poisson cette année ! Bien sûr, le camping est à Arquejol et il s’appelle « Au-delà des nuages ».
C’est reparti. Le camping « Au-delà des nuages » sera mon prochain arrêt. L’année dernière j’y avais dormi avec Arthur… et j’ai oublié nos serviettes de toilettes dans l’espace douche. J’avais contacté le propriétaire des lieux quelques jours après mon retour mais je n’ai pas fait immédiatement les démarches pour qu’il me les renvoie. Ce n’est pas pour le prix de ces deux serviettes en microfibre, mais là, je passe juste devant… l’occasion de rattraper cette étourderie.
« Au-delà des nuages » est un camping écologique situé à l’entrée d’Arquejol. Les bâtiments en bois ont été construits par le propriétaire lui-même.
Ca y est, je suis devant le camping. Je ne vois personne à l’entrée à part un gros chien, un peu sur le côté et qui monte la garde. Ce chien me fait bien comprendre que je ne suis pas le bienvenu. C’est un « Patou ». Il fait son job mais ne me semble pas trop agressif.
Mais le camping, lui, me donne l’impression d’être fermé ! Pas grave… j’ai le N° de mobile du propriétaire, je l’appelle mais tombe sur sa messagerie. C’est con… je suis peut être juste à quelques mètres de mon équipement.
Je vérifie un peu l’attention que le gardien me porte. Ca va ! J’enjambe la petite clôture en bois qui délimite l’enceinte du camping. J’avance vers le bâtiment central. Le chien ne m’a même pas remarqué, caché par une voiture garé devant l’entrée et qui m’a rendu assez discret. Me voilà « Ninja-Randonneur »
Bonne surprise. Il y a deux personnes qui sont installés sur la terrasse extérieure du bâtiment (l’espace repas/cuisine en fait). J’explique ma visite. Il s’agit d’un membre de la famille du propriétaire et de son amie. Le propriétaire n’est pas présent. Il a repris une activité salarié dans la région. Le camping est fermé temporairement le temps de laisser passer cette période très compliquée. Aucune idée ou peut être rangé ce que je suis revenu chercher et le patron n’est pas joignable. Me voyant repartir, ils me proposent de prendre un café avec eux. Si vous demander a un aveugle s’il veut voir clair… quelle va être sa réponse ?
Allez encore une heure de passée, mais pas une heure de perdue. Le sujet de nos discussions…je vous le donne en mille : la randonnée et en particulier le chemin de Stevenson. Mes deux hôtes du moment sont aussi des fervents pratiquants des GR. Encore un bon moment, mais vient l’instant où il faut reprendre le sac à dos…
Le chemin continue, je passe à côté du village d’Arquejols et à quelques mètres d’un très joli pont ferroviaire.
A présent… direction Pradelles, qui est une de mes villes préférée sur ce chemin. Je ne sais pas pourquoi… mais je kiffe cet endroit. Sur le chemin, j’aperçois le lac de Naussac. Il s’agit du plus grand lac du département français de la Lozère.
Bon, rien d’autre à dire si ce n’est que je suis arrivé sur Pradelles. Il est 12h30, je cherche un endroit pour me poser, me pauser et me restaurer : Ok ce sera « La brasserie du musée ». Ce choix n’est pas fait au hasard. C’est ici que les « trekkeurs compulsifs » ont fait étape l’année dernière. D’après eux… on y mange bien. Comme je suis abonné à leur chaîne YouTube, je consulte tous leur tests de matériel, c’était la moindre des choses qu’aussi pour la bouffe je leur fasse confiance… Ce sera une omelette-champignons … bon et copieux et le bonus « Stevenson » spécial randonneur qui a tout donné pour arriver jusqu’ici… la glace à la châtaigne : un régal.
Je ne suis pas seul à avoir tenu compte de l’avis des trekkeurs. Deux autres randonneurs sur le GR 70 sont à la table d’à côté. Nous nous suivons depuis Monastier. Il s’agit d’Alain et de son pote qui bivouaque lui avec une tente Duplex (ZPACK), c’est cela qui a attiré particulièrement mon attention hier au camping de Bouchet Saint Nicolas. C’est avec ce modèle de tente que j’aimerais tenter la réalisation du PCT. Ce n’est pas le fait qu’elle soit vite installée, mais elle ne pèse que 530 grammes et sa toile est en Dyneema, toile qui sert à l’origine à fabriquer des voiles de bateaux. 530 grammes, comparés aux 1650 grammes de mon Access II (1 kilo de gagné, cela ne semble pas énorme, mais sur un trajet aussi long…)
13h30, il fait très chaud, environ 28°. Depuis un bon moment, le soleil est bien installé. Ce sont les heures les plus chaudes de la journée. Reprendre la marche tout de suite ne me semble pas une bonne idée, d’autant qu’il me reste que 6 kilomètres à faire (environ 1h15 de marche, 1h30 en m’accordant une pause). Donc 3 heures au total avant qu’Arthur ne descende en gare de Langogne avec sa team – arrivée prévue pour 16h30. J’en profite donc pour visiter un peu la ville. Me voilà donc à présent… « touriste_randonneur ».
La ville est très belle. Les maisons en pierre, les ruelles étroites donnent une impression de village médiéval. Le plus ancien document mentionnant le nom de Pradelles est daté de janvier 965. Pradelles a même été nominé dans les plus beaux villages de France. Et c’est tout à fait mérité.
Alors… Le mode touriste : Terminé. Je vais passer aux choses sérieuses … la sieste. En me baladant au gré des ruelles, je suis arrivé sur les hauteurs de la ville. Quelques anciens remparts (Game of Thrones je vous dis…), un petit parc avec belle vue sur la partie sud de la cité, quelques platanes (?) pour l’ombre. Ces arbres n’attendaient que moi.
Le Mont Lozère. Rien que d’y penser… cela me fatigue. Hop… à l’ombre, sous un arbre, en position du randonneur fatigué (pas mis 5 minutes pour m’assoupir)
Heu, Non, je n’ai pas dormi : J’ai du juste fermé les yeux quelques dizaines de minutes. En tous cas, je suis prêt à présent à en découdre avec les chemins de cailloux (faut s’imaginer cette phrase avec l’accent de Laurent Géra imitant Francis Cabrel et son célèbre « chemin de cailloux »..) Bref… je suis reparti.
Il fait chaud, très chaud. Mais ce long interlude m’a requinqué. Manger : Check / Eau : check / Repos : Check / Envie de continuer : Check / Stock de calorie : Check / Mental : Toujours présent chef !
Je suis très satisfait du matériel que j’ai emporté (Hors sac à dos) Le soleil cogne fort mais je n’en souffre pas trop. Même si ce n’est pas facile, je savais à quoi m’en tenir coté température. Descendre en direction d’Ales à la fin du mois de Juillet, cela ne pouvait pas être Holiday’s on Ice.
Pour ce qui est du sac à dos, plus je marche, plus je maigris, et plus mon sac tombe de mes hanches et ce sont les épaules qui supportent la plus grande partie de la charge. Le réglage du sac est à présent au maximum au niveau de la ceinture ventrale. Ce n’est pas ce sac que j’emporterais sur le PCT…
J’ai trouvé mon nouveau job : Coach pour personnes en surpoids qui ne veulent pas se priver de bien manger. « Allez, venez avec moi 15 jours sur un GR. Je vous promet 5 kilos en moins sur la période – avec garantie de résultat. » Personnellement, sur 3 semaines, j’ai perdu 9 kilos, sans me priver, ni du plaisir de marcher, ni du plaisir de bien manger.
Bon, je cause, je cause … mais me voilà déjà arrivé en périphérie de Langogne. Je consulte la carte sur le TSF. OK, y a du réseau, ok c’est rapide, ok, j’ai trouvé la gare. J’ai de la chance, c’est à l’entrée de la ville. Il est 16h10. J’ai à peine 15 minutes d’avance quand je pose mes fesses sur un banc du quai de la gare. Le TER va bientôt arriver. Encore 15 minutes, et ma randonnée va changer.
Ce n’est pas que je regrette, non, pas du tout. Elle sera juste différente et c’est très bien. J’aime bien être seul sur le chemin, seul le soir, seul dans la tente au milieu de nulle part. je peux laisser tout en « bordel » dans mes 2 mètres carrés et c’est pas moi qui vais dire quelque chose. Je ne vais tout de même pas me reprocher ce que je ne m’applique pas moi-même (Bon, sur ce coup-là, je vous ai perdu définitivement…) Oui, « le bazar » dans la tente explique aussi pourquoi je mets entre une heure et une heure trente pour démarrer ma journée
A partir de maintenant, cela sera en groupe et cela sera une tout autre randonnée. J’aime aussi randonner en groupe et c’est moi qui ai proposé de faire le GR 70 ensemble. Je connais un peu Tom et Marceau, je vais découvrir qui est Gaëtan. C’est une première pour lui. J’espère que tout va bien se passer, il y a toujours 2 ou 3 petites bricoles qui arrivent sur une randonnée de plusieurs jours, petites bricoles qui peuvent se transformer en galère si on ne fait pas attention. Déjà les distances a enchaîner chaque jour (entre 20 et 30 kilomètres en général), porter un sac de 10 à 14 kilos toute la journée (en mode autonomie je veux dire), les jours ou le moral est pas présent (chaud, froid, pluie, lassitude, les ampoules sous les pieds qui ont explosées, les coups de soleil qui te pourrissent aussi la journée…)
Voilà, le train s’arrête en gare et mes futurs compagnons de routes sont à présent… présents sur le quai. Une nouvelle randonnée peut commencer.
Le voyage s’est bien passé, tout le monde est là, prêt à en découdre. Nous pouvons nous rendre au camping mais avant… direction le super marché pour le ravitaillement. Nous arriverons au camping « La Cigale de l’Allier » vers 17h30 (il est situé juste un peu à l’écart de la ville). Emplacement de camping réglé, nous allons monter les tentes rapidement puis direction la rivière (l’allier) … juste à côté du terrain de camping. C’est un peu froid (surtout dû à l’écart de température) , mais une fois entré dans l’eau, plus envie d’en sortir.
Apres une bonne heure, on remonte vers nos tentes et nous nous installons pour manger. Une grande table nous accueille tous les cinq, parfait pour nous installer et préparer les repas lyophilisés et manger pain, pâté, saucisson. Les premières blagues commencent à fuser, ca « charrie » beaucoup dans le groupe. Tom et Marceau ne se gênent pas avec moi … mais je leur réplique aussi sec… Ne vous inquiétez pas, j’ai pas mal de munitions.
Je ne sais pas vers quelle heure je me suis endormi ce soir-là, mais je pense qu’avant 22h00, j’étais déjà très loin.