Chemin de Stevenson – jour 2. J’ai très bien dormi cette nuit.
Dans le post précédent, je terminais par « Suite et fin de la loi de Murphy demain. ». Et bien cette loi de Murphy est partie en vacance dès le début de ma journée. L’alarme du téléphone m’a réveillé vers 6h00. Je me dépêche de ranger la tente, le sac à dos. Je vais essayer de partir tôt, pour éviter la chaleur, mais aussi pour être sur Langogne demain avant 17h00.
En effet, j’ai démarré cette randonnée seul, et resterais seul pendant 3 jours. Demain soir, je récupère Arthur et 3 de ses amis (Gaétan, Marceau et Tom) à la gare de Langogne et nous marcherons tous le cinq sur le chemin de Stevenson pendant une dizaine de jours.
7h15, je vais prendre le petit déjeuner dans la grande salle à manger du camping. Covid 19 oblige… même et surtout à table, il faut garder une distance vis à vis des autres. Beaucoup d’autres personnes sont installées (une bonne quinzaine). Je vois un randonneur avec qui j’avais un peu discuté hier soir. Il est seul et je vais m’installer en face de lui. Je me rends compte qu’il est surpris… c’est vrai : La distanciation sociale, le virus, les gestes barrières… Bon, vraiment j’ai du mal à m’y faire. Je luis demande tout de même si cela le dérange de m’installer là.. Apparemment non. Je vais donc prendre le petit déjeuner avec lui.
Ce randonneur s’appelle Christophe, il est martiniquais (cela je l’apprendrai ce soir après l’étape du jour, arrivé à Bouchet-Saint-Nicolas). Nous réalisons le même parcours, mais lui reviens de la région de Biarritz ou il passait des vacances en famille (son fils y est installé dans l’est de la France). La discussion tourne essentiellement sur la famille, l’activité professionnelle et bien entendu la randonnée et Stevenson en particulier. Il exerce, ou exerçait la profession de meunier. Meunier en Martinique (???)… Heu j’ai du mal à concevoir, mais pourquoi pas. Je ne lui ai pas demandé de préciser, nous étions déjà passés sur un autre sujet…
Christophe marche très vite et démarre très tôt. Je lui relate mon trajet d’hier après midi et le manque d’eau sur la fin du parcours. Lui n’est pas trop sensible à la chaleur, les températures actuelles ne le perturbe pas plus que cela. La chance qu’il a !
Juste après le petit déjeuner, je termine le chargement du sac, je traîne encore un peu, j’ai toujours oublié une bricole ou deux. Ah oui, il me faut de l’eau, pas deux fois la même erreur. Par contre j’en ai pris un peu trop cette fois ci. 4 litres ! Il va me falloir les porter. Ici, c’est pas le désert du Sahara non plus. Bon, 7h50… déjà. Et c’est parti pour l’étape 2 et toujours en solitaire.
Me voilà de nouveau sur la route, chargé de 4 kilos supplémentaires. La température est très agréable ce matin et le ciel est assez couvert. Si cela reste comme cela, je ne souffrirai pas comme hier. Juste après le camping, j’amorce une légère descente, passe au dessus de « la Gazeille », remonte immédiatement sur 2 à 3 kilomètres dans un sous-bois puis débouche sur un plateau composé de prairie et cultures. Arrivé au lieu-dit « Le Cluzel » j’aperçois 2 ânes dans une pâture. Arrêt photo obligatoire.
Stella et Camille étaient aussi au camping de l’Estela hier soir. Il me semble les avoir croisé hier soir et qu’ils étaient aussi présents au petit déjeuner ce matin (En même temps, moi le matin… je fonctionne plus au radar…) Attention cependant, comme pourrait le laisser croire la photo, ils n’ont pas mangé de foin, mais du pain, de la confiture, des croissants, du café, du lait, etc.. tout comme moi. Par contre, il y a bien un point commun avec la photo 😄 mais je vais vous en parler tout à l’heure (… suspense !)
Tout ce que je sais à ce moment de la journée c’est que nous sommes pratiquement voisins géographiquement… Ils sont originaires de la Picardie. Suite à la pandémie, ils ont changé leur façon de voyager et ont opté pour la randonnée… en France et choisi le GR 70. Très bon choix… je valide.
Je reprends le chemin et me dirige vers Saint-Martin-de-Fugères ou j’arrive vers les 10h00. Une pose de quelques minutes et quelques photos, de l’eau, un peu de « trail-mix », un mélange de noix, d’amandes, de M&M’s et raisins secs et autres fruits déshydratés. Prêt pour la prochaine étape… la montée du Goudet.
Je quitte Saint Martin de Fugères et me dirige vers le Goudet, situé à environ 3 kilomètres. Là je sais qu’une très longue descente m’attends. Oui, j’ai écrit « la montée du Goudet ». Mais pour l’instant c’est une descente sur un sentier caillouteux, avec une magnifique vue sur la vallée de la Loire, la ville du Goudet en contrebas et le château de Beaufort. Attention : il faut bien regarder aussi où on met les pieds ! Sinon, c’est l’entorse assurée. Une des descentes dans un pierrier parmi les plus difficiles sur le chemin de Stevenson.
Apres cet interminable « toboggan minéral » j’arrive en périphérie de Goudet. Juste en entrant dans la ville, je passe à côté d’un logement. Un homme travaille sur sa voiture, devant son domicile. J’engage la discussion avec lui, lui demande s’il n’aurait pas quelques colliers plastiques de type « Colson » pour consolider l’armature de ma tente. Il me répond qu’il doit avoir cela dans son garage. Immédiatement il me fait rentrer chez lui, cherche un moment et trouve ce que je voulais. Super, j’ai à présent une dizaine de petits colliers, Ils vont me permettre de renforcer les arceaux carbones et de réparer temporairement la tente ce soir.
Je repars ensuite, direction le centre du village. Je recherche un café ou je m’étais arrêté l’année dernière. Bizarre… je ne reconnais pas les lieux. L’établissement a dû fermer… Les quelques commerces locaux ne me rappellent en rien l’endroit que je recherche. OK, à défaut, je rentre dans un hôtel/restaurant, m’installe derrière le bâtiment sur une jolie terrasse avec un petit parc bien aménagé et commande un coca. Je prends une longue pause. Puis je repars… affronter la fameuse montée du Goudet.
Je sors du village par la route principale, marche encore plusieurs centaines de mètres sur cette voie goudronnée et me voici de nouveau sur le GR. Je marche sur un chemin qui ne semble pas trop savoir où il va et je traverse un ruisseau qui s’en va rejoindre la Loire (qui est encore une toute petite rivière pour le moment)
Là je rencontre un autre randonneur, Paul. Je l’ai remarqué car il porte un sac à dos, en tout point identique à mon premier sac (Modèle Forclaz 60-Décathlon et même couleur : rouge). Je le croise, le salue et continue ma route. Je suis trop dans la réflexion du tronçon a venir, la seule difficulté que j’avais mémorisé de ce parcours l’année dernière.
La montée du Goudet… De ce que je me rappelle, cette partie est assez longue (3 km environ), et très raide sur presque 800 mètres. Ma chance ce matin, un soleil bien caché derrière les nuages. Parfait pour ce type d’exercice. Oui… c’est toujours aussi raide, mais bizarrement cela me parait moins difficile cette fois ci. Déjà, j’arrive sur un plateau et me rapproche de la ville d’Ussel.
En entrant dans Ussel, je suis accueilli par un « marché aux puces » (une braderie, une brocante, ou un vide-grenier si ces termes vous parle plus) qui s’est installé dans la rue principale. C’était juste une première impression, car en avançant un peu plus, je constate mon erreur : C’est le marché en fait. J’avance encore et j’arrive au cœur du village et là je tombe sur… le café que je cherchais au Goudet. En fait, il était ici, à Ussel. Décidément la mémoire est quelque chose quelques fois d’assez surprenant (… Qui a dit « Alzheimer » ?)
Halte obligatoire, mais Covid, oblige, je m’installe à l’extérieur, en terrasse. C’est extrêmement confortable, je n’ai pas trop envie de repartir. Je vais même y rester pratiquement 1 heure. Nous sommes dimanche, il est 13h00. Il n’y a pas trop de monde sur la terrasse. J’ai pris un sandwich, un coca. Je reprends un peu de force et d’énergie pour cet après-midi. Mais le reste du chemin jusqu’à Bouchet-Saint-Nicolas va être très tranquille. Je suis sur un plateau et tout le reste du chemin sera pratiquement sans dénivelé. J’entame une discussion avec une voisine de table, Péroline, qui s’est installé dans la région et habite à présent sur Langogne. Elle me questionne sur mon parcours sur le GR. En fait notre point commun, c’est d’apprécier cette belle région. Elle a quitté la région de la Bretagne pour venir s’installer ici avec son mari. Toutes les personnes habitant à proximité du GR ont entendu parler du chemin de Stevenson, mais en avoir simplement entendu parler, ce n’est pas exactement le connaitre. Péroline me pose un tas de questions sur le parcours.
La suite du chemin est très tranquille. Huit kilomètres, à peine 100 mètres de dénivelé positif, soleil de retour mais pas trop agressif. Autant dire que la fin a été une promenade de santé. Cette année je ne bifurque pas sur le GR 800 pour prendre le raccourci sur Landos. De toute façon, j’ai prévu de dormir sur Le Bouchet Saint Nicolas, au camping municipal.
J’arrive sur Bouchet Saint Nicolas, il n’est pas encore 15h30. J’aperçois Christophe, attablé à la terrasse d’un café, une Stevenson à la main (Bière locale spéciale randonneurs assoiffés). Je m’installe avec lui. Pas de chance, je commande la même chose, mais il n’y en a plus… Bon,cela sera un coca. Une Stevenson, cela sera pour une autre fois.
Christophe, qui démarre très tôt sa journée et marche très vite est arrivé depuis un bon moment sur Bouchet Saint Nicolas. Il a eu le temps de louer un vélo, d’aller visiter les alentours du lac du Bouchet (distant de 2 kilomètres environ) et de revenir.
Apres cela, direction le camping municipal du village.
La suite… du classique. Monter de la tente, douche chaude…, repas léger (je n’ai pas trop faim sur ce début de parcours, peut être le super petit déjeuner de ce matin), les discutions avec les autres randonneurs, Stella, Camille, Anna et Nico, Paul, Alain et son pote et aussi d’autres que j’ai juste croisé. L’actualité morose et le virus sont très, très loin de nos préoccupations actuelles.
Il faut qu’à ce moment du récit je vous parle de Stella et Camille. Ce qu’ils m’ont dit m’a fait halluciner ! Le point commun avec la photo que j’évoquais plus haut (les deux ânes dans le pré) est que Camille avait démarré la rando avec un sac de 25 kilos. 25 kilos… Et Stella, je ne sais plus vraiment le poids de son sac, moins lourd mais c’était aussi conséquent.
Pour un âne, porter 25 kilos… c’est une broutille. Mais un randonneur !
Bon, je sais… je vous charrie un peu, mais au-delà de la galère que cela vous a occasionné (j’ai tout de même compati .. si si !) je me suis bien « marré » Camille, comment tu as eu l’idée d’emporter 6 livres ? C’était au format « Poche » au moins ?
Bon, ils ont très vite compris qu’ils devaient alléger et ont renvoyé dans un colis, l’excédent de poids. Ils ont au moins renvoyé pour 10 à 12 kilos de bagages et ustensiles inutiles. Je n’ai pas d’inquiétudes pour eux… ils apprennent vite. Moi aussi, j’ai fait ce genre d’erreur et puis j’en fait encore de toutes petites.
Un mot tout de même sur le camping municipal de Bouchet Saint Nicolas, c’est simple, c’est petit, une grande pelouse bien arborée pour protéger les tentes des rafales de vent, deux préfabriqués, deux toilettes, deux douches, trois lavabos, une seule multiprise pour charger 3 smartphones à la fois mais c’est le paradis du randonneur. Sur l’ensemble des campings du chemin de Stevenson, celui-la est mon préféré. Propreté « Trois étoiles ». La très grande classe pour un tout petit village (280 habitants en 2017). Ils ont tous compris. Le café et l’épicerie qui vous accueillent à l’entrée du village ont finis (ou ont commencés) par me convaincre… Une super étape. C’est là aussi qu’a commencé à se constituer le groupe de randonneurs qui aura du mal à se quitter lors de la dernière étape à Saint Jean du Gard. Mais, je reparlerais plus loin…
Ca y est : fin de journée, direction la tente pour reprendre des forces pour demain.