En me remémorant cette journée, je pourrais changer le titre de mon article en « J8 – La route de la soif »
Tout avait bien commencé. Départ vers 8h30. Mais avant j’ai fait le plein d’eau. Cette fois ci, j’ai a peu près 4 litres. Nous sommes passés par la boulangerie pour le « ravito ». Ce midi ce sera pain, saucisson, fromage et 2 ou 3 autres bricoles que l’on trouvera dans le sac de ravitaillement. C’est parti pour 3 kilomètres et 200 mètres de grimpette histoire de préchauffer les jambes.
Tout va bien, il ne fait pas encore trop chaud, mais les montées… cela me donne soif. La montée, c’est fait. A présent nous traversons une forêt, et le terrain va rester plat sur 2 ou 3 kilomètres.
Malgré la protection de la forêt, on commence à ressentir la chaleur. Inexorablement, la température va s’élever, degré après degré tout au long de la journée. Apparemment nous avons dépassé un point de ravitaillement en eau. Pour ma part, je n’ai remarqué aucun panneau, aucune indication sur le chemin.
Nous faisons des pauses régulières, toutes les heures environ. Pendant un moment, nous partageons le chemin avec un groupe de randonneurs. Ils nous ont rattrapés à l’occasion d’une de nos pauses. Ce sont des scouts. Ils sont une bonne vingtaine. Pas trop compris leur manière de progresser, ils s’arrêtent souvent, quelques fois a peine 200 mètres entre chaque arrêt. Le responsable semble donner des consignes ou des directives au reste du groupe… Rapidement nous les distançons, même si ils semblent avancer plus vite que nous. Très vite notre groupe se disloque. Tom, Marceau et Arthur caracolent en tête. Je reste avec Gaétan.
Il faut dire que j’avais bien démarré cette journée de marche. Mais cette deuxième montée m’a littéralement sciée les jambes. Je n’ai plus d’énergie. J’ai pourtant pris un bon petit déjeuner ce matin. Peut-être la chaleur… ou l’accumulation de la fatigue. Cela fait plus d’une semaine que je marche à présent. Une journée à classer dans « mes journées sans » : Sans envie, sans énergie, sans tonus, sans moral !
Je m’accroche et passe sur pilotage automatique en laissant le contrôle au mental. Il va gérer ce moment pénible mieux que moi.
Si ce n’est la chaleur, le chemin n’est pas vraiment difficile. Nous sortons de la foret et nous accédons sur un plateau.
Il est passé midi, et comme Gaëtan, j’ai faim. Nous venons de passer le sommet du Bougés. Un peu plus loin sur le chemin, un refuge. Cela semble être une bonne idée d’y faire notre pause-déjeuner. Quand nous arrivons, Tom, Arthur et Marceau s’y sont déjà installés. L’endroit est top, bien à l’abri d’un soleil un peu trop présent. La seule chose qu’il n’y a pas… c’est un point d’eau. Il me reste environ deux litres et demi. Pendant le repas, je partage mon eau avec Arthur, Tom et Gaétan. Ils n’en ont pratiquement plus pour marcher cet après-midi. J’en garde un litre pour moi. Il reste encore 18 km pour arriver sur Florac. Si on ne trouve pas d’eau sur notre route, l’après-midi va être très compliquée.
En attendant, nous partageons ce que nous avons à manger. Dans le refuge, il y a une grande table… bien pratique pour notre pause-déjeuner.
Après le repas, comme à notre habitude… une sieste. Il faut dire que dehors, le soleil cogne comme un damné. Nous avons redémarré vers 13h30, il faut bien repartir à un moment donné.
Depuis le sommet du Bougés, le chemin est tout en descente et cela sera comme cela jusqu’à Florac. A moins que…
Avant de partir du camping ce matin, Cécile nous avait laissé photographier la carte de l’étape du jour et nous avait indiqué qu’il avait un autre GR (le 68) qui permettait un petit raccourci et nous faisait gagner quelques kilomètres sur le parcours.
L’avantage de bifurquer sur le GR 68 c’est bien de gagner quelques kilomètres (3 ou 4 en fait) mais on emprunte sur une route qui monte alors que le GR 70 était lui, tout en descente. Il est 14h00, le peu d’eau qu’il me reste est chaude, trop chaude. 14h30, il n’y en a plus. Les quelques gouttes qui me restaient ne m’ont pas réhydraté et ce soleil est si insupportable par moment.
Naturellement avec ces températures et ce climat si sec, et les petits ruisseaux indiqués sur ma carte se sont tous évaporés. Pas la moindre goutte d’eau à filtrer. Je vais devoir me rationner.
Mon choix est fait. Accompagné de Camille (Celui qui partageait hier soir les quelques mètres carrés de son espace de camping) je m’engage sur le GR 68. Cécile est restée derrière nous, elle ne semble pas vouloir forcer son allure de marche et semble moins souffrir du manque d’eau.
Camille, lui non plus n’a rien à boire. La sensation de soif est de plus en plus forte, presque une obsession pour moi. Trois ou quatre kilomètres de montée qui font place ensuite à une descente… dans un pierrier, un peu raide. Tant pis, je fonce. Plus vite arrivé sur Florac, plus vite je trouverais de l’eau. Je laisse Camille qui continue à son rythme, moi je descends ce pierrier à toute vitesse… encore 3 kilomètres. Je reste vigilent. Ce n’est pas non plus la peine de se casser une jambe, d’autant plus que le réseau fonctionne aléatoirement.
Enfin vers 16h00, au détour du chemin, j’aperçois les premiers bâtiments et les premiers toits de ce qui me semble être la ville de Florac. J’avance encore, la ville semble si proche et pourtant le chemin encore si sauvage.
Ça y est… un dernier virage, j’aperçois l’enseigne d’un magasin. C’est le « Carouf » de Florac… et juste construit ici, à l’entrée de la ville – Quelle excellente idée de l’avoir construit la !
Je fonce direct… Jamais été aussi content de faire mes courses. Je jette le sac à l’entrée (sac surveillé tout de même par une famille qui avait accepté ma demande le temps de charger leur voiture) et je fonce dans le rayon « Eau et soda ». Je prends 2 Perrier et un Coca, trépigne à la caisse puis direction la sortie récupérer mon sac à dos
L’eau, quand on a très, très soif… c’est la meilleure des boissons. Le Coca… c’est le bonus et aussi le meilleur moyen pour refaire le plein d’énergie. Je m’installe dans un coin à l’ombre pour attendre mes compagnons de route. Pas de messages, pas d’appels…. Aucune idée de l’endroit ou on va se retrouver. En les attendant, je leur envoi ma position et je recherche des informations sur des campings dans le secteur.
Finalement une heure après, nous nous retrouvons tous sur le parking du Carrefour : Cécile, Camille, Arthur, Tom et Marceau. Quelques achats pour ce soir puis direction l’Eco Camping de la Tière ou nous avons réservé 3 emplacements pour ce soir. Cécile nous accompagne également. Mais avant de s’installer là bas… il nous faudra traverser tout Florac. Bon, nous ne sommes plus à 2 ou 3 km prés. Ce camping se révélera un excellent choix et pour de multiples raisons.
Arrivé au camping, nous installons les tentes puis « opération lessive ». Pendant que les vêtements se lavent… direction la rivière toute proche. L’eau est fraîche, mais il fait tellement chaud que ce n’est pas un problème. Nous restons la presque une heure puis je vais récupérer le linge et le fais sécher.
Pour ne pas renouveler l’expérience malheureuse d’hier sur Pont de Montvert, Marceau réserve 5 places dans un restaurant de Florac … Ce soir c’est grillade. Il faut maintenant se rendre dans le centre-ville de Florac, distant d’environ 2 kilomètres. Bonne nouvelle, dans le prix de l’emplacement des tentes, le Camping de la Tière met à disposition des… vélos. Super. On en prend 4 et direction Florac.
Une fois installés au restaurant… mauvaise nouvelle. Le choix des menus est un peu limité ce soir. Pas assez de pièces de bœuf. Décidément, il y a comme un problème dans les approvisionnements dans le secteur… Nous avons tout de même bien mangé. Le repas terminé, nous avons rejoint un autre groupe de randonneurs installés un peu plus loin sur la terrasse d’un autre restaurant. Il y avait la Sophie, Christian, Valérie, Myriam, Cécile, Camille, Stella, Nicolas et Anna (J’espère n’avoir oublié personne…)
Soirée classique de repas en ville pendant une rando. On discute de tout, de l’étape de demain, de la journée passée, … Puis c’est l’heure du retour, de nuit. Ça va, malgré le manque d’éclairage public, la route est bien visible. Et nous sommes protégé par la piste cyclable assez large de chaque côté de la nationale. Nous sommes vite de retour au camping.
Viens aussi très vite l’extinction des feux.