Cette première nuit m’a fait le plus grand bien quand a la récupération physique. J’avais un fort déficit d’heures de sommeil. La veille, j’étais dans le duvet vers 21h. Je me suis tombé assez vite et j’ai dormi comme une souche, tombé comme une enclume. Non-stop jusque 6h00. A ce moment, le chant des oiseaux est assez fort pour m’empêcher de replonger dans une nouvelle phase de sommeil. Il faut vraiment que je me lève maintenant. D’autant plus qu’hier, nous n’avons pas fait une distance exceptionnelle.
Je sors du duvet, commence à organiser et ranger un peu mon équipement. A chaque fois, il me faut (au moins) une heure de l’extraction du duvet au démarrage avant de poser le sac à dos sur les épaules. Et une demi-heure de plus si je veux prendre un petit déjeuner. Bon cette fois ci, ne pas trop trainer. Stéphane a aussi commencé à remballer et range son matériel dans son sac, méthodiquement. Il a un peu d’avance sur moi. Qu’est-ce que je me traîne le matin.
Alors que je commençais à démonter la tente, un randonneur passe sur le chemin a une vingtaine de mètres de notre bivouac. Je le reconnais assez vite. Il me salue aussi et viens vers moi. C’est Jean Paul.
Lui a déjà commencé sa deuxième journée. Il a démarré avant 6h00. Pour rappel, Novel, ou il a dormi, est à environ 3 km d’ici.
On discute un peu. On décide assez vite de faire un bout de chemin ensemble. Bon, tout est prêt. Il va être 8h00, nous démarrons. Direction la Chapelle d’Abondance qui nous atteindrons ce soir.
Hier l’après midi a été très difficile. Apres plusieurs semaines de confinement et de de télétravail, ma condition physique est à son minimum. Certains jours je n’ai pas fait plus de 200 pas. Et les dénivelés ici dans les Alpes, ce n’est pas les dénivelés auxquels je suis habitué. C’est juste très raide.
Commencer une randonnée comme la GTA, post confinement, avec zéro entrainement… je dois être un peu maso. Je vais exploser dans la prochaine grosse montée, éparpillé sur le chemin « façon puzzle ». Bon c’est parti pour l’ascension d’un peu plus de 2 heures vers le col de Bise altitude : 1915 m (Pour info, le bord du Léman – hier après midi – est à 380 mètres d’altitude. Ça démarre très fort.
Apres un bon 1h30 de montée et pas mal de micros pauses pour moi, nous arrivons aux « Chalets de Neuteu ». Ces chalets sont peu visibles depuis le bas du chemin. Ils constituent une étape pour d’assez nombreuses randonnées dans ce secteur. Une vue magnifique sur le lac Léman et la vallée d’Abondance, le chalet de Bise. Avant la guerre il y avait 24 chalets donc 2 encore d’origines.
Pause de 30 minutes pour récupérer tous les trois. Jean Paul et Stéphane sont arrivés un peu avant moi. Comme eux, j’en profite pour étaler et faire sécher, sous un magnifique soleil, les 2 parties de ma tente totalement trempées par la rosée et la condensation. En à peine 15 min … c’est OK. Une petite collation : barres céréales et eau fraîche disponible sur place (pour l’eau bien sûr …)
Nous reprenons les sacs … et c’est reparti.
Encore une heure de marche et 85 mètres de dénivelé positif. Ça devrait le faire … Mais si cette pause m’a vraiment fait du bien, j’ai toujours autant de mal à progresser. Je m’accroche. C’est plus le mental qui a pris les commandes. Je sais que les deux ou trois premiers jours de marche sont toujours les plus difficiles. Cela ira mieux demain et c’est exactement ce qui va se passer.
Vers 11h40, j’arrive enfin au col de Bise. Grosse pause/pose – celle du sac a dos aussi. Je dégaine l’appareil photo puis mon mobile. La vue est incroyable. C’est un point d’observation idéal pour admirer le Jura et le lac Léman d’un seul coup d’œil.
20 minutes de pause, nous repartons, pour une grande descente cette fois ci, vers le chalet de Bise. Sur place, vers 12h45, nous déposons les sacs pour un arrêt déjeuner.
Nous repartons vers 14h00 pour continuer notre descente vers notre étape du soir : La chapelle d’Abondance (alt 1030 mètres environ) ou nous arrivons un peu avant 18h00.
La première chose que nous faisons en arrivant dans cette sympathique bourgade, c’est de chercher un endroit pour boire un coup. Nous nous installons sur la terrasse d’un bar/restaurant dans la rue principale. Et hop, 3 bières. Nous dissertons sur tout et sur rien. Nous faisons rapidement la connaissance d’un couple de randonneurs Parisiens (J’ai oublié les prénoms…) Ils terminent leurs parcours ici. Ils n’ont fait que 2 ou 3 jours et rentrent demain sur la région parisienne. On discute un bon moment et inévitablement les sujets tournent autour de la rando du moment, de nos régions respectives, de nos activités professionnelles, de la famille, de nos réalisations/projets anciens et à venir. On a passé un agréable moment. Mais viens l’heure de se quitter.
Nous partons ensuite à la recherche d’un endroit pour le bivouac mais après avoir fait le plein d’eau à une fontaine (dans la rue principale) pour préparer notre repas lyophilisé du soir. Plus loin, en contrebas du village, nous trouvons notre spot pour passer la nuit (juste a côté d’un petit cours d’eau). Un autre randonneur nous rejoint.
Avec Stéphane et Jean Paul on ne marche pas ensemble, pas a la même vitesse. En montée, comme en descente, chacun son rythme. Pour l’instant, je suis un peu à la traîne. Ho ! Pas de beaucoup, mais quand même. C’est toujours eux qui m’attendent en haut des cols. Mais on partage ensemble tous les temps de pause. On discute aussi beaucoup surtout lors du bivouac le soir. On commence à se connaitre mieux.
Jean Paul est assez surprenant. Il fait petit pépère tranquille mais sous ses apparences de retraité lambda, il cache une forme particulière de second degré que je commence a apprécier énormément. Il a l’art de te balancer une information hyper sérieuse alors que c’est un « fake » énorme et il garde un flegme que seul un britannique bien entraîné serait capable d’atteindre… Quand il voit que tu crois à sa blague, il se marre et se fout de toi. Je me suis pas mal fait avoir au début.
Il cultive aussi comme moi, l’art de jeux de mots bien pourris : Ex « le Chalet de Neuneu » (c’est con, mais c’est tellement nul que cela me fait marrer) ou le fait d’aller manger une omelette chez Bruce Willis (Bon je le garde sous le coude, vous comprendrez plus loin…)
C’est cela aussi que j’apprécie dans les randonnées, tu pars seul mais tu fais des rencontres incroyables. Faut juste profiter de ces moments-là.
21h 30. Bon, il est a présent l’heure de rentrer sous la tente, se glisser dans le duvet et de récupérer pour demain. On va en avoir besoin, le programme est loin d’être terminé.