Ce matin, lever à 6h15. Comme d’habitude : Rangement de la tente, du sac, ensuite petit déjeuner. Il est 8h45, nous démarrons une nouvelle journée de marche. Tranquille ce matin. Nous commençons par une longue descente vers Samoëns. C’est une commune d’environ 2500 habitants. Jean Paul doit y récupérer un colis au bureau de poste et ainsi reconstituer sa réserve de nourriture et de gaz.
Moi, j’ai l’intention de trouver une laverie et de passer les vêtements, que je porte la journée, à la machine. Je n’ai pas d’autre vêtements de rechange que ce que j’ai pour dormir (un tee-shirt, un caleçon, une autre paire de chaussette. Après cela nous pourrons nous prendre un bon déjeuner dans une brasserie ou un petit restaurant.
La descente vers Samoëns est facile mais assez longue (trop longue ?). De trop nombreux panneaux indicateurs nous donnent des informations erronées et des temps de marche totalement contradictoires. C’est limite du grand n’importe quoi. Il y a des personnes qui ont un certain sens de l’humour ici.
Conclusion, ne pas se fier aux temps indiqués sur les panneaux.
Nous arrivons au hameau « Les Allamands ». L’origine de ce « hameau des Allamands » sur la commune de Samoëns, remonte au XIIIe siècle. Pour développer et mettre le secteur en valeur, faire reculer la forêt et agrandir les clairières, les seigneurs de l’époque ont installé des familles de bûcherons de langue allemande. C’est de là que le hameau trouve son patronyme. Ces bûcherons ont alors défriché les alpages de Bostan et d’Odda, dont les noms sont d’origine germanique.
Bostan provient en effet de Bostâr signifiant « bois » et Odda « bien précieux ». En 1476, les troupes bernoises ont gagné Samoëns par la route des cols, incendiant les Allamands. Le hameau connait ainsi le même sort que l’Église Notre-Dame de l’Assomption de Samoëns. Un demi-siècle plus tard, le village de nouveau mis à feu par les troupes de la ligue des cantons suisses. Difficile d’imaginer que ce lieu si paisible et authentique aujourd’hui, était il y a quelques siècles, entouré d’une nature hostile et sujet aux invasions. C’était un interlude et un moment culturel, qui vous a été offert par la boucherie « Sanzot »
Enfin, nous arrivons aux abords de Samoëns vers 10h30. Nous nous dirigeons direct au centre-ville a la recherche du bureau de poste et d’une laverie. OK, check pour la poste puis pour la laverie !
Nous pouvons nous changer, tout au fond de la boutique derrière un paravent. Les vêtements se lavent et la responsable (employée ?) de l’établissement nous propose de les faire sécher dans la foulée. C’est sympa. Cela nous évite d’attendre. Nous pouvons donc nous mettre a la recherche d’un bar/restaurant pour déjeuner tranquillement. Ce sera à quelques mètres de là. Nous nous posons pour une bonne heure, puis nous récupérons nos tenues de randonnée avec un bonus surprise en sortant le linge du séchoir : Un assortiment d’amandes que jean Paul a oublié dans une de ses poches. Il y en a partout dans le linge, pas loin d’une quarantaine. Ce qui nous donne, Stéphane et moi, l’occasion de le charrier !
A présent propres et rassasiés, nous pouvons reprendre la route. Ce que nous faisons un peu avant 14h…
Chemin assez plat sur environ 4 km, on longe la rivière « Le Giffre ». Puis on arrive ensuite sur un passage assez sympa dans les gorges de Tines. Ces gorges creusées par le Giffre, maintenant abandonnées par ce tumultueux torrent offrent une promenade très spectaculaire. Trois échelles à escalader, ou plutôt des escaliers métalliques, juste au niveau de Sixt-Fer-à-Cheval. Quelques photos… cet endroit est superbe.
Puis ça grimpe tout le temps pendant presque 2 heures. Bientôt 18h00… on se cherche un coin pour le bivouac de ce soir. Nous trouvons un endroit assez plat pour poser les tentes. Des ouvriers sur le secteur nous font comprendre que nous ne pouvons pas nous poser ici. Pas trop satisfait de se faire jeter comme cela sans un raison valable, nous reprenons le chemin.
Merci Messieurs…c’est très bien ainsi. Nous tombons rapidement quelques centaines de mètres plus loin, sur un magnifique spot. Une clairière un peu cachée dans la foret, un peu a l’écart du chemin. On installe les tentes. La rivière est tout à côté. Stéphane et Jean Paul allume un feu de camp. Je me pose dans la toile de tente, je fais une micro sieste.
Je suis réveillé assez vite. Je perçois une voix inhabituelle. Je sors de la tente. Un personnage qui m’est inconnu discute avec mes deux compagnons de route. C’est François, un randonneur belge de 32 ans (originaire de Bruxelles) qui réalise actuellement la « Via Alpina » un chemin qui démarre de Monaco se termine à Trieste en Slovénie. Soit plus de 2 500 km de trajet, traverse 8 pays en 166 étapes journalières. Vous voyez bien… y a pas que moi, avec mon projet de PCT, qui suis un gros taré.
C’était un super bivouac, une très belle rencontre. Dire que l’on aurait pu se louper. Si Francois s’est posé avec nous ce soir, c’est qu’il avait vu, depuis la route, un peu de la fumée de notre feu de camp et qu’il s’est avancé dans la clairière. Ce qui l’a décidé a planter sa tente et de passer la soirée en notre compagnie (Vous avez vu comme il nous l’a fait remarquer… 4 tentes, 4 de la même marque) C’est le salon MSR 2020 avec distanciation sociale pas obligatoire ici : Eh… on est en randonnée, pas sur les champs Elysées pour fêter la victoire en finale de l’équipe de France. Nous, on a décidé que les masques étaient interdits.
Bon, on a pas mal traîné ce soir la. Pas envie d’aller dormir tout de suite. Il y a des soirs comme cela … Mais les très bons moments passent toujours trop vite. Pour un soir de bivouac, nous nous sommes vraiment couchés tard.