Je me réveille un peu avant 7h00. C’est ma dernière journée sur cette randonnée. Je traîne un peu, puis je m’extrais de mon duvet et commence à rassembler et organiser mon matériel pour préparer le sac à dos. Chaque matin, le même rituel. On n’échappe pas à la routine, même au milieu de nulle part. Quand je dis « Nulle part », je veux dire pas à mon domicile, pas dans mon quotidien.
Petit déjeuner rapide au refuge ce matin, nous voulons partir assez tôt. Le bazar vite réorganisé et rangé, la tente encore humide dans la poche extérieure du sac à dos. Et nous voilà repartis aux alentours de 8h00. Nous amorçons une descente d’environ 3 km qui nous repositionne vers les 1790 mètres. Sur ce chemin tranquille, nous prenons le temps de discuter un peu. Stéphane est devant. Je reste un peu avec Jean Paul. Mais ma condition physique du moment est inversement proportionnelle aux 2 premiers jours et là je « pète la forme ». Jean Paul, lui, ne veut pas marcher trop vite (depuis deux ou trois jours, il se plaint de douleurs aux genoux) et me demande de passer devant lui assez souvent. Ce n’est pas que je courre dans les montées mais les descentes, j’aime bien (même dans un pierrier difficile). Je rattrape assez vite Stéphane.
Assez rapidement, la route reprend de la hauteur et nous entamons à ce moment une montée, avec pour objectif le col du Brévent, posé la bas, un peu plus haut, à 2362 mètres d’altitude. Ce sera la dernière difficulté avant l’arrivée sur Chamonix, mon étape finale.
Dernière difficulté, on peut le dire. Cette ascension n’en finissait plus. Serait-ce la fatigue accumulée pendant la semaine, le manque d’énergie ou une pente beaucoup trop raide et/ou trop longue (plus de 5 kilomètres), en tous les cas je n’en voyais pas la fin. J’avais rattrapé Stéphane avant d’amorcer la montée. Je ferais une bonne partie du chemin jusqu’au col avec lui.
Ca y est ! Je suis en haut du col avec Stéphane. Jean Paul est en arrière, encore en pleine ascension. Nous posons les sacs un moment pour un « Shooting photo » mais surtout pour reprendre notre souffle et un peu des forces que nous avons laissé dans cette montée. Une barre de céréale, un peu d’eau. Nous attendons Jean Paul. Mais c’est d’autres randonneurs qui arrivent et prennent aussi une pause bien méritée.
Pas de Jean Paul en vue. Aurait-il entamé une idylle avec une marmotte, ou croisé une de ces trois elfes dont Stéphane nous avait narré la rencontre dans la foret quelques jours plus tôt ? Nous attendons encore un peu… Toujours rien.
Nous reprenons les sacs et commençons la descente vers le plateau de Planpraz. Une longue descente, un peu raide, beaucoup de caillasse. Nous arrivons sur le secteur vers 12h00. On pose les sacs contre un poste de secours de montagne. Une table est disponible sur la grande terrasse… nous nous installons pour un bon moment. On va attendre Jean Paul que l’on devrait voir arriver d’assez loin. Le chemin qui descend du col du Brévent est devant nous, à flanc de montagne, sur pratiquement 1500 mètres.
Nous allons descendre sur Chamonix tous les trois. J’y dormirais ce soir. J’avais prévu d’arriver sur « Les Houches » mais Jean Paul et Stéphane ont modifiés légèrement leur trajet et ont décidé de passer par Chamonix, de s’y restaurer et de faire quelques achats – Un sac de ceinture pour remplacer celui de Jean Paul qui vient de rendre l’âme (Le sac, pas Jean Paul !) et un matelas gonflable pour Stéphane qui n’en peut plus de son matelas en mousse, d’un confort beaucoup trop « spartiate ».
Apres la séance photo, direction le magasin « Intersport » de Chamonix pour la partie matériel, puis on cherche un café/bar dans le centre-ville. En effet, c’est l’occasion d’une dernière bière avec mes compères. La dernière avant un bon moment, je n’aime pas boire de bière seul. Puis on recherche le « MacDo » du coin, ou se prend une pause de plus d’une heure (Très beau la déco du MacDO de Chamonix).
Puis vient le moment ou nos chemins se séparent. Stéphane continue le chemin jusqu’à Briançon et Jean Paul a prévu de faire la totalité de la GTA, c’est à dire qu’il descend sur Menton (pour rappel, un parcours de 630 kilomètres depuis Saint Gingolphe). Si je le pouvais, je continuerais bien avec eux, mais je reprends le travail lundi et j’ai une autre randonnée qui m’attends juste après. C’est le GR 70… le chemin de Stevenson sur lequel j’ai marché l’année dernière mais que je n’ai pas réalisé en totalité.
Je les quite donc .. à regret. Bon, je n’aime pas les adieux. Je pars immédiatement, aussi parce que je suis a la recherche …. d’une laverie pour mes vêtements. Demain je reprend un bus pour repartir vers Lille, mon odeur actuelle risquerait d’incommoder les autres passagers, moi aussi par la même occasion. Déjà que le COVID fait des ravages, pas question d’ajouter un nouveau fléau pour l’humanité…Il me faut aussi trouver un endroit pour dormir ce soir.
Je trouve une laverie pas trop loin du centre-ville : pour les vêtements : « Check » Pendant ce temps-là je me pose à la terrasse d’un café, le temps d’un coca. Il fait assez chaud, ici, tout en bas de la vallée de Chamonix.
Pour dormir ce soir, je préfère ne pas prendre l’option tente. Il y a bien un camping, mais il est un peu loin et dormir en bivouac (un peu compliqué en centre-ville). Bon, je pourrais sortir de la ville.. il doit y avoir une possibilité de trouver un spot. Je me rends au syndicat d’initiative de la ville. COVID, oblige, je dois mettre un masque (c’est un établissement public) et me positionner dans une file d’attente (bienvenue dans la vraie vie…).
C’est mon tour, j’explique à l’employée que je recherche un hébergement pas trop cher pour ce soir. Au moment où elle me donne l’information, les cloches de l’église (toute proche de cet établissement) se mettent à carillonner. Ce n’est pas que je suis allergique à ce type de manifestation sonore, mais je comprends a peine la réponse de l’employée (Il fait très chaud cet après-midi et les portes de cet établissement sont grandes ouvertes pour avoir une ventilation naturelle. Bien sûr, loi de Murphy oblige, une des portes donne directement sur le parvis de l’église, bien sûr j’obtiens ma réponse juste à ce moment, et bien sur les cloches ne se contentent pas de donner l’heure, mais se lâchent allègrement pendant une à deux minutes)
J’ai fait répéter mon interlocutrice … toujours compris à moitié. Le bruit est assourdissant. J’ai compris une partie … je note l’adresse et prends un plan de Chamonix disponible sur un présentoir avant de sortir. Bon, c’est à l’extérieur de la ville, il va me falloir marcher un peu.
Loi de Murphy…suite : Je suis sorti de Chamonix et je cherche un bâtiment qui ressemble un tant soit peu à un gite ou un hôtel. Cela fait au moins trois quart d’heure que je cherche et je n’ai vu que des habitations individuelles. je me décide (enfin !) a demander des informations à la première personne que je croise. Trouvé !
Loi de Murphy… Pourquoi cela devrait s’arrêter. Bon, en fait je ne suis pas dans le bon secteur. En fait de cloche… j’en suis une et une grosse. Je n’y suis pas très loin, je ne suis juste pas sur la bonne route. Un petit coup de « google map / Itinéraire ». Bon, j’y serais dans 10 minutes. Je coupe à travers un parc et un complexe sportif et j’arrive enfin devant mon gite, « Le chamoniard Volant »
Fin ici de la loi de Murphy… Gite pas cher mais rapport qualité/prix imbattable pour Chamonix (30€ pour la nuit, la douche, le petit déjeuner). Cela a l’air un peu vétuste, mais propre et bien tenu. Dormir cette nuit : « Check ».
La chambre est une chambre commune de 6 lits (superposés) … pas de problème. Mes colocataires du moment, une femme (J’ai oublié son prénom mais elle est originaire et repart demain en Belgique) et un homme, André, qui termine aussi sa randonnée, le TMB il me semble et repart demain pour sa ville d’Alès. On discute inévitablement de nos parcours respectifs (lui le TMB : Tour du Mont Blanc, moi une partie de la GTA : Grande Traversée des Alpes). Je lui parle du Chemin de Stevenson que je ferais dans une semaine. Il me dit qu’actuellement, dans le Gard, il y fait une chaleur de gueux … Bon, on verra bien sur place, fin juillet, je me doute bien que je ne devrais pas casser de la glace sur le chemin. Mais me voilà prévenu.
Douche, puis sortie en ville en « mode touriste » pour découvrir un peu mieux Chamonix et prendre quelques photos.
Ce soir Jean Paul et Stéphane bivouaquent aux « Contamines-Montjoie » pour une soirée pizza, bière, vin et broderie. Pour ces quatre activités, une est totalement fausse.. Ami lecteur, seras tu deviner laquelle ? Attention, tu vas être surpris par la réponse… Un indice : Ils aiment manger et boire un coup.
Voilà, fin de la journée, fin de la randonnée. Je rentre dormir et demain reprendre le bus pour un trajet Lausanne-Paris-Lille… la routine quoi !